Ca y est, nous revenons de parmi les morts ! Nous vous écrivons en direct de Joe Banana, un petit restaurant au sud d’Anjuna, à Goa.

Le haricot était en pause un petit moment car avoir une bonne connexion internet en Inde est un pari risqué. C’était donc nos vacances imposées ces derniers jours, et nous avons découvert que finalement, c’est pas si facile de ne rien faire quand on a l’habitude d’être rythmé par le travail.

Cela me prendrait trop de temps pour faire un résumé détaillé pour chaque dernier jour, alors tant pis. Je vais plutôt opter pour quelques lignes en fouillis presque organisé, à l’image indienne que l’on aime tant.

Aussi, je prends moins de photo. Je n’ai plus le réflexe, et je n’aime plus ce réflexe. Je me force à en prendre, pour les souvenirs, mais c’est rare que ça vienne du coeur. Je ne sais pas pourquoi. Les quelques unes que j’ai pris sont belles (comment gâcher la beauté de l’Inde ?), mais je ne pourrais malheureusement pas les mettre dans cet article car la connexion est tellement lente qu’il faut 30 minutes pour charger une photo.

Enjoy !

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Tout va très vite ici, à Anjuna. Il y a beaucoup d’informations à retenir, partout. Beaucoup de gens, beaucoup de chiens, beaucoup de gros insectes et d’écureuils. Beaucoup de vagues, beaucoup de poussière, beaucoup de chats aux drôles d’airs. Beaucoup de vie, beaucoup de couleur, beaucoup de voitures et de scooters. Beaucoup de russes, beaucoup d’alphabet cyrillique, quelques fautes d’anglais sur les murs.

Au nord de Goa, on découvre un tout autre monde. La journée, il n’y a pas un chat dans les rues car il fait trop chaud. Il y a beaucoup de cours de yoga, beaucoup d’endroit où faire des retraites, beaucoup de boutiques où c’est très très cher, et beaucoup de déchets par terre.

Au sud de Goa, on est encore plongé dans un autre univers. Ca grouille de partout dans les coins d’ombres, mais personne ne se risque au soleil très longtemps. Il n’y a pas un touriste dans les rues. Toutes les religions se bousculent, se côtoient, s’embrassent : des églises à côté des temples, des bonnes soeurs avec des Iphones, des musulmans devant des stands de statues hindoues. C’est beau. Mais pas beaucoup de femmes dans les rues. Beaucoup de femmes très vêtues. Beaucoup de femmes au regard triste, fatigué, désabusé. Beaucoup d’hommes dans les rues, en groupe, qui parlent fort et qui prennent beaucoup de place. Beaucoup de cris, beaucoup de regards, beaucoup de surprises. Beaucoup de couleurs et de boutiques de tissus, et une Rajacstani au visage parfait.

Nous sommes d’abord allé à Anjuna (les trois premiers jours), puis nous avons emménagé temporairement dans la maison que je vous ai montré en vidéo, plus au Nord dans Goa. Rapide résumé de nos meilleures péripéties indiennes… Bien sûr, tout est à lire avec légèreté, mon but n’est pas de vous inquiéter ! On a pris toutes ces aventures avec beaucoup d’humour et cela nous a valu des gros fou-rires. Encore aujourd’hui quand on y repense, on se marre bien !
Notre maison était tellement jolie que nous ne l’avons pas quitté ! Si seulement la beauté de cette maison était la seule raison… Le quatrième jour en Inde de Sylvain fût rythmée par une intoxication alimentaire qui a duré plusieurs jours, et qui s’est transformé en un bon gros rhume. & Ce bon gros rhume, c’est moi qui l’ai traîné pendant un bon bout de temps ! C’est très étrange d’avoir de la fièvre sous un soleil de plomb. On dirait presque qu’à l’extérieur, il fait froid, et quel les thés chauds sont tièdes… Le restaurant dans lequel nous avions mangé (où la cuisine a rendu malade Sylvain) était très propre, tenu par des Thaïlandais, la cuisine était succulente. Comme quoi, une bactérie peut avoir très bon goût !  Enfin, comme tous les européens nous disent lorsque l’on parle d’intoxication alimentaire : « Welcome to India ! Your body will get used to ! » (Bienvenue en Inde, ton corps va s’habituer !) Les plats des restaurants aux alentours n’étaient pas très fameux, je dois bien l’avouer, et le seul restaurant digne de confiance était celui à quelques mètres de chez nous qui proposait des plats végétariens ou vegan. Graines à volonté, sans sucre, ni gluten, ni tout en fait ! Excellent pour reprendre des forces, pas vrai ? … Gloups. Heureusement, ils proposaient quelques plats… Ah mais oui mais non… C’était des plats gastronomiques…  Déjà que l’on trouvait qu’on ne mange pas beaucoup quand on est vegan, on n’a pas trop compris l’utilité d’ajouter le mode gastronomique… Pour vous donner un exemple d’entrée : galette de riz soufflé, avocats, tomates, basilic. On se dit, ouais cool ! Dans nos assiettes : deux petites galettes de riz soufflé (que l’on trouve en supermarché), tartiné d’une très très très fine couche d’avocats écrasés, et quelques dés de tomates au dessus. Voilà…

Ajoutons à tout cela un tout petit lit digne de celui d’un film d’horreur (nous connaissions l’emplacement des ressorts à l’intérieur du matelas par coeur. J’en ai même eu des bleus sur les jambes). Nos dos n’étaient plus que des puzzles douloureux et on se réveillait plus fatigués qu’au moment d’aller nous coucher – la veille. Malgré la maladie qui nous a clairement mis K.O., nous nous sommes motivés à visiter un peu les alentours : la jolie plage, un grand marché aux puces et le dernier jour d’un festival haut en couleur, le Hilltop. Nous avons fait des rencontres surprenantes : quelques grenouilles qui nous sautent dessus ou qui prennent leur douche dans notre salle de bain, des chiens qui aboient à 3 heures du matin sous nos fenêtres, des corbeaux complètement fous qui semblent vomir en hurlant à chaque fois qu’ils ouvrent le bec, un serpent tout noir venu se glisser dans notre chambre (j’ai fait des recherches et apparemment ce serait un cobra indien noir. Je n’en crois pas un mot car sa tête était totalement différente de celle d’un cobra. Cela dit je pense que cette espèce de serpent n’est pas dangereuse pour nous… Tant qu’elle est loin), un rat dans lequel j’ai shooté sans faire exprès (pour ma défense, il faisait noir, on n’y voyait rien et il était au milieu du passage… Au retour, j’ai allumé ma lampe torche et je l’ai vu. Il était trop beau ! Je crois qu’il est tellement gros que c’est un réel effort pour lui de dégager le chemin, & être bousculé semble être le dernier de ses soucis). Mais pas de geckos, et je me suis surpris à ressentir du manque pour ces petits dinosaures transparents. Après avoir fait le tour de la faune et la flore, nous avons mis les voiles direction Betalbatim, où nous espérions retrouver une connexion internet potable pour travailler.

Que nenni ! Arrivés à Betalbatim, nous avons très vite compris que nous devrions prendre un peu de vacances. Impossible de travailler ici : pas de connexion internet. Nous avons fait des visites : plantations d’épices, temples, églises, marché local. C’est très rafraîchissant de faire partie d’un groupe de local, et non d’un groupe de touristes. En parallèle, Sylvain m’a appris à jouer aux échecs. Grande révélation pour moi, qui avait les échecs en horreur. Je n’arrivais pas à comprendre ce jeu de bois sur lequel deux personnes planchent pendant des heures. C’était l’inutile même, l’horreur des dimanches enfermés, le silence insupportable et le manque d’air. Mais ça, c’était avant ! Les échecs sont devenus un moment agréable, fait de concentration, de méticulosité, de logique et de contrôle, sous le soleil de plomb de Goa. Mon mentor ne se laisse pas battre comme ça, mais je compte bien dépasser le maître un jour ou l’autre. *Rire démoniaque*

Nous avons quitté Betalbatim il y a deux jours pour s’installer à nouveau à Anjuna. Ici, les moeurs sont plus détendues, les journées sont douces et passent vite. Les gens font la fête tout le temps, la journée, le soir, il y a toujours une raison pour. Des écureuils grattent le toit de notre bungalow, les fourmis essaient de nous envahir et ce matin, j’ai même vu un gecko ! Egalement, nous avons un contact pour envoyer quelques affaires en France depuis Goa. Une amie autrichienne passe souvent par cet homme (appelé Napoléon) pour rapatrier ses affaires en Autriche depuis Goa. Lundi, nous rencontrons Napoléon qui va se charger de tout pour nous. Nous comptons envoyer un petit sac d’une dizaine de kilos en France pour alléger nos bagages. A nous la liberté ! C’est les sacs légers que nous partirons en Indonésie, ce mercredi. Au début, nous projetions de partir à Bangkok, puis au Laos. Finalement, voici nos projets, les bons, les vrais, car on a acheté les billets d’avion et tout et tout…

Mercredi soir, direction Singapoure – Bali.
Jeudi matin, arrivée à Bali.
Dimanche, direction Palu.
Et ce sera parti pour une semaine de festival (Eclipse Festival), qui aura lieu dans l’endroit le plus parfait pour observer l’éclipse totale du soleil.
Une expérience cosmique en perspective !

Pour la suite des épisodes, on verra…

Pour l’instant, on profite d’Anjuna à fond. On a découvert un restaurant où la cuisine est délicieuse et copieuse (un plat pour deux est largement suffisant). On a aussi retrouvé Richard, un ami d’Angleterre, qui va jouer ce soir en tant que DJ à 4 minutes de chez nous.

Hier soir, nous avons fait la rencontre de 7 bonhommes venu tout droit du Rajacstan. Qu’est-ce qu’on a rit ! Dans leur regard, beaucoup de secrets. Dans leur sourire, une enfance malicieuse qui n’a jamais cessé. Et dans leurs paroles, bien des bêtises ! Un petit jeune s’est acheté un paquet de cigarettes mais il ne sait pas rouler. Un autre fume pour la première fois, et tousse dans le fou-rire général, attisé par les cris du plus âgé « ohh oh, take it easy man ! » (vas-y doucement, mec). Un jeune homme me demande de lui traduire « Sensualité » d’Axel Red, ce qui a bien sûr entraîné un beau fou-rire de ses copains et une petite mine exaspéré du jeune homme « ils se moquent de moi parce que je veux que tu me traduise une chanson d’amour ! ». Le plus âgé, qui s’avère être un monsieur plus riche qu’il n’en faut, nous annonce très tranquillement qu’il a perdu 9000 dollars au casino hier et 36000 dollars il y a une semaine, et qu’il a acheté 60000 roupies (environ 900 euros) un numéro indien VIP (pour avoir quatre 2 dans son numéro). Il nous dit qu’il a 16 femmes, et nous montre des photos de sa femme préférée dont certaines étaient un peu osées. Il lâche un « sorry » et passe à la suite en riant. Bien sûr, le fan d’Axel Red veut aussi nous montrer des photos de sa femme. Ils sont tous mort de rire à chacun de nos « ouaaaah beautiful » en voyant les photos de leurs femmes. Je ne sais pas s’ils sont conscients de la beauté de leurs épouses et de la malice douce dans leurs yeux. Un jeune homme nous fait écouter des musiques de Lord Shiva, un des Dieux hindous. Je note les titre des chansons, j’aime beaucoup. Ils essaient de nous expliquer leur religion (ils sont tous hindous et appartiennent à deux castes différentes), mais ce que nous avons entendu le plus souvent est que Shiva aime la weed, et qu’il faut fumer pour Shiva. Ca les fait rire et parler du Rajacstan. Le fan d’Axel Red me décrit toutes les villes qu’il préfère dans son pays, et me montre des photos. Il nous dit que si un jour on vient au Rajacstan, il faut qu’on vienne les voir. Le monsieur riche se contente de hocher la tête d’un air très sérieux, les yeux dans les yeux. Puis, il sourit. Ils prennent nos contacts et disparaissent dans la nuit.

Mon souvenir le plus marquant pour l’instant est le suivant : j’étais en plein milieu du grand marché aux puces d’Anjuna. Je terminais ma promenade de plusieurs heures, fatiguée. Sur la route, au milieu du bazar, des scooters, des stands qui débordent sur la route et des chariots à glaces, je vois une photographe européen en train de photographier une femme indienne. Je m’avance… Il prenait son visage en photo de très près : l’objectif semblait coller son nez. Il prenait beaucoup de photos, il gigotait, il était très concentré. La femme, elle, ne bougeait pas. Elle souriait un peu, et se tenait droite comme un piquet, les deux mains liées devant elle. A côté d’eux, il y avait cette petite fille indienne, habillée en rose fuschya, qui arborait de nombreux bijoux argentés à ses chevilles. Ses applaudissements chaotiques couvraient la mélodie des dizaines de grelots accrochés à ces bracelets de cheville, tous rythmaient chacun de ses pas. La petite fille riait aux éclats. Elle riait, riait, à gorge déployée, elle riait de ce rire que seuls ont les enfants. Les enfants qui regardent quelque chose d’inhabituel, mettant en scène un membre de leur famille, peut-être leur maman, totalement décontracté(e) dans un jeu inconnu. Une sorte de rire hystérique, qui mêle le coeur et l’esprit. Le coeur qui veut rire, et l’esprit qui se questionne. C’est rigolo, mais ça fait un peu peur aussi. J’espère toujours me souvenir de cette belle scène de vie, et de cette petite fille en rose, aux yeux qui transpiraient l’effroi, mais qui applaudissait courageusement sa petite maman. Son rire qui danse, ses pas saccadés autour du photographe, ses moments de silence où elle s’arrêtait complètement de bouger en regardant sa maman, bouche bée, pour mieux reprendre sa course folle – plus bruyamment qu’avant.

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A bientôt pour la suite des aventures, et pour plus de photos j’espère ! On pense à vous, on vous aime. ♥