Nous sommes ENFIN arrivés à Goa ! Et quel soulagement ! Nous avons traversé bien des épreuves pour arriver à bon port.

Mais tout est bien qui fini bien. Armés de deux sourires, de patience et d’espoir, nous sommes arrivés à destination. Je vous écris depuis notre maison au bord d’un lac. Nous nous y sommes installés il y a une heure environ. J’ai pris une vidéo pour vous faire faire le tour du propriétaire… Nos yeux étaient brillants de larmes et d’étoiles en découvrant notre chez nous. C’est magnifique !
J’ai mis mon morceau de musique classique préféré pour écrire – la Danse Macabre de Camille Saint-Saëns – elle me redonne un peu d’énergie. Je suis un peu découragée face à tant de péripéties à retranscrire ! C’est un sacré boulot que je m’impose, mais c’est très important pour moi de bien faire les choses que j’entreprends. Et puis, j’ai des lecteurs à contenter, non ?

Ouffff, je ne sais pas par où commencer. Par le début serait le mieux…  Donc, depuis notre dernier jour en Thaïlande. Petit résumé vite fait, histoire de ne rien oublier :

Nous profitions de nos derniers instants sur l’île de Koh Phangan. Le temps est capricieux : le soleil et les nuages orageux ne semblent pas être d’accords concernant la garde parentale du samedi 06 février 2016. Il fait lourd et le soleil tape fort pendant une heure, puis l’heure d’après, de gros nuages noirs viennent enfermer toute la chaleur. Un coup de tonnerre a décidé de couper le courant du pâté de maison, ce qui a écourté l’appel téléphonique du Papa de Sylvain. Mon chéri fût sans voix pendant 10 bonnes minutes (enfin… je parle d’un silence qui a remplacé des grognements de troll mécontent : « Internet de m*%!@… Tonnerre à la c*%, il faut que ça arrive pendant un appel qui me tient à coeur, grrrmbl… M*%@! » ).
Il est temps d’aller nourrir mon troll.
Nous profitons de notre dernier repas sur la plage, dans mon restaurant préféré (le seul où je peux manger des salades feta), vers lequel nous découvrons une petite cabane dans les arbres. Le rêve à l’état pur !

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Sur le chemin, nous faisons une halte à la maison de Choï. Je lui laisse mon tapis de yoga, trop volumineux pour mettre dans mes bagages. Elle est contente : elle avait perdu le sien, qui était exactement pareil mais un peu abîmé, et maintenant, un tout neuf arrive ! Trop cool. Elle nous promet de venir nous dire au revoir sur les quais du bateau – elle dit qu’elle viendra en vélo -. Les larmes noient déjà ses yeux malheureux.

Nous passons notre dernière heure à Koh Phangan entourés de la famille du Sabaï bay, avec qui nous avons tissé des liens très forts. Tout le monde vient nous dire au revoir, même la petite mamie qui était timide avec nous quelques jours avant. Certains se risquent même à l’accolade ! Oh ohhh, ça c’est du Good-Bye. La famille nous offre le taxi qui nous embarque jusqu’aux quais, où nous retrouvons Choï qui a déjà les larmes aux yeux. Elle a parcouru tout le chemin en vélo – sous l’orage. C’est une sacrée trotte quand même, j’étais très surprise de la voir sur les quais. C’est une brave guerrière notre Choï, et aussi une vraie maman. Elle nous tient la main jusqu’à l’arrivée du bateau, elle nous dit de profiter à fond, de penser à elle à Goa, elle pleure quand elle nous regarde et nous dépose un petit bisou tout doux sur le coin de notre joue avant que nous montions dans le bateau. Elle nous fait coucou sur le quai jusqu’à ce que notre bateau disparaisse. Au loin, Choï ressemble à une petite fleur de tournesol avec son chapeau de paille.
Nous, on ressemble à deux petits pois nostalgiques au milieu de l’eau salée déchaînée.

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Je regarde ma cheville. Avant de partir, Choï m’a offert un bracelet de cheville de Chine qu’elle avait reçu en cadeau d’anniversaire. Il est très joli, il est orné de pierres turquoises, les mêmes que celles sur mes chaussures, les grandes protectrices des voyageurs. Décidément, mes pieds sont bien protégés avec tous ces talismans. Je peux voyager tranquille !

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On arrive plein d’énergie à l’aéroport de Koh Samui. Et là, les aventures commencent ! (J’ai d’ailleurs un gros fou-rire à ce moment même). Oh my, je ne vais jamais oublier ce voyage en Asie.

Nous déposons nos bagages en soute, passons le contrôle de sécurité, et avançons bras dessus bras dessous jusqu’à la Gate n°3. Une annonce au micro interrompt notre rêverie « kfjhgkjdhgkjdhfgkh Mister Sulvain and ClowGate kjhfgkjhgkhgPlease, come to qkshdkjqshfjkhf Security check… Mister Sulvain and Clow… » On se regarde, et Sylvain me dit « Je rêve ou on nous a appelé ? » Je fais oui de la tête. On attend un peu. Nouvelle annonce – on se concentre : « khfdgkjhdfkjgh Mister Sulivan and ClowePlease come security check… kdfhgkdhfgkjdhfgkjhfg NOW… shgkhdgjkh » C’est nous, y a pô de doute ! On rebrousse chemin jusqu’au contrôle de sécurité, où le garde nous dit très tranquillement « Ben dépêchez-vous d’aller au help center, et demandez pourquoi on vous appelle » . On fait demi-tour, on cherche le help center… Pas de help center. On entend à nouveau nos prénoms à l’annonce. Mais cette fois, ça nous paraît de plus en plus louche. On commence à douter. C’est peut-être pas nous ? On arrive à notre porte d’embarquement et on se confesse à une hôtesse : « Hello, on a entendu nos noms au micro… » L’hôtesse nous demande vivement nos passeports et nous demande de patienter. Après vérification, elle nous rend nos passeports avec une moue désapprobatrice, doublé d’un regard genre « mais qu’est ce que vous bavez, vous ? » . Ah ben en fait, c’était pas nous… Vraiment pas nous. On ne nous a pas appelé au micro. Voilà voilà…

On embarque dans l’avion, apaisés. On dort un peu. Prochaine escale : Bangkok !

Ci-dessous, l’aéroport de Koh Samui :

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Arrivés à Bangkok. On doit passer la nuit dans l’aéroport. Donc on a du temps… Et heureusement ! Nous n’avions pas booké de bagage en soute pour cet allé. Nous devons donc en booker un, mais ce n’est plus possible de le faire par internet (c’est trop tard). Nous nous lançons à la recherche du bureau de la compagnie Spice Jet afin d’expliquer notre situation. Nous avons vécu, pendant une heure et demie, ça :

Pour au final découvrir que le bureau de Spice Jet n’existe pas ! On laisse tomber. De toutes façons, on nous a prévenu que nous ne pourrions pas contacter un quelconque membre de la compagnie Spice Jet avant que notre vol soit annoncé. Mission cocooning, alors.

On se cherche une maison douillette où il y a des sièges et des prises pour nos ordis. Et du café ! On s’installe au Starbuck pendant quelques heures, où je fais la même erreur qu’au début de notre voyage : JE PRENDS UN FRAPUCCINO. GLACE. ALORS QUE J’AVAIS FROID ! Je le bois avec dépit. Ô misère, pourquoi suis-je affligée d’une telle mémoire de poisson rouge ? Ca fait bien rire Sylvain, qui boit son café tout chaud l’air mesquin. Rho, ça va, hein ! Quelques heures plus tard, alors que nous pensions que notre attente était sur le point de se terminer, nous apprenons que notre avion a 2 heures de retard. Ok… Pas d’avion à 4h du matin, mais à 6 heures alors. D’acc. Ca nous fera moins d’attente pour le troisième avion !

Dans le bolide volant, on est au premier rang. C’est trop bien. Mais on ne profite pas longtemps de ce bonus : on s’endort instantanément, nos deux têtes sur le même oreiller gonflable rose fuchsia. C’est un repos bien mérité…

Arrivés à Chennai : welcome to India ! L’indian style démarre maintenant. On arrive à l’aéroport et on se prépare pour le contrôle des visas. Nous devons remplir deux formulaires obligatoires qui servent à… On ne sait pas, mais ‘faut les remplir. Et avec soin ! On check la queue pour les e-visas (visas obtenus par internet, ce que nous avons). Cool, y a personne ! Nous demandons à un homme dans la file s’il a un stylo pour que nous puissions remplir nos formulaires. Laissez-moi vous décrire ce mage : c’est un homme d’environ 1 mètre 70, cheveux rasés, yeux bleu très très clairs. Très très clairs. Tellement clairs qu’on dirait qu’il n’a pas d’iris. C’est très beau et très dérangeant. Il est habillé tout en blanc cassé, il l’air fatigué. Il nous répond en anglais, en prenant une voix lente et mystique « Je n’ai paaas de stylo. Sur le côté, vers les formulaires, stylos vous trouverez. Revenez ici pour le contrôle de visa. Mais n’oubliez paaaas : tout doit être parfaitement rempli avant de venir faire la queue ici ! Tout doit être parfaaaait, pour cet hoooomme… » Et il pointe discrètement du doigt le policier chargé de contrôle des papiers. « Ok, merci » . Ah ah. On rigole. On n’en demandait pas tant. Lui ne rit pas. On dirait qu’il ne rit plus depuis trop longtemps. Mais nous, on rit, qu’est ce qu’on rit !

« – Il avait pas l’air chelou le gars ?
– Si, si…
– Un peu mystique, nan ?
– Totalement…
*En coeur* Touuut doit être parfaiit, pour cet hooommeee »
Ah ah ah.

Ben, on n’a pas rit longtemps.

On fait la queue, nos formulaires remplis vite-fait, nos e-visas dans la poche. A la hauteur du policier, on sent que ça ne va pas être si simple. Sans regarder nos passeports, il nous demande le billet de retour. Sylvain dit que l’on ne peut pas lui montrer. C’est vrai, puisque nous n’avons pas de billet de retour, en fait.

« – Billet retour.
–  On ne l’a pas ici… Mais on a nos visas, et nos formulaires remplis. Tout est parfait (mot magique).
– Billet retour.
– On ne l’a pas ici, mais…
– Billet retour.
– Non…
– Ou est votre billet retour ? Je veux voir le billet.
– (changement de tactique) Ah, oui, ben, il est dans notre sac…
– Ouvrez votre sac alors.
– Ben en fait il est dans notre sac mais dans la soute de l’avion.
– Donc, vous n’avez pas de billet retour ?
– Non, pas ici… »

On se retrouve punis sur un banc devant le bureau de l’immigration. Deux flics se relaient pour nous demander toutes les dix minutes « Où est votre billet de retour ? » Au bout de quelques minutes, on comprend que nous n’avons pas le choix : ils ne nous lâcherons pas tant que nous ne leur montrerons pas de billet de retour. Discrètement, j’active la 4G de mon portable. On se commande vite fait bien fait un billet d’avion retour remboursable, histoire d’être libérés pour ne pas rater notre dernier avion. On book un billet Goa – Bangkok : au moins en Thaïlande, on y entre sans se faire disputer ! On rempli les formulaires d’identités au pif : le passeport de Sylvain est entre les mains du boss. Il doit faire preuve d’une bonne mémoire pour que le numéro de son passeport soit le bon ! Quand on a le billet, on est fiers comme des Papes. Mais c’est à ce moment là que, comme par hasard, plus personne ne vient nous voir. Je prends mon courage à deux mains et demande à la déesse Vénus de me prêter une de ces prestances dont elle seule a le secret, celle qui fait taire les hommes et permet d’avoir ce que l’on veut. J’entre dans le bureau avec mon plus beau sourire et demande si on peut nous relâcher, car on a retrouvé le billet de retour. J’ai le droit à un beau sourire en retour, c’est bon signe ! Mais… Ah non, on doit encore attendre sur le banc. (Je remercie quand même Vénus). Un quart d’heure plus tard, on vient nous chercher. On nous demande de refaire la queue pour les e-visas. Et cette fois-ci, il y a 30 minutes d’attente : c’est blindé ! On attend. On attend. On attend… Deux files se forment. La première, avec le premier policier, la deuxième, avec le policier qui m’a fait un sourire, celui qui a été soudoyé par Vénus ! Je veux attendre dans sa file, mais il y a un hic : c’est le flic n°1, le strict, qui a le passeport de Sylvain, et nos visas. Oh oh…
Quand vient notre tour, et le flic n°1 nous sourit d’un air « désolé… C’est allé trop loin. » Heu ? Il regarde à peine mon passeport, prend mes empreintes digitales et évite mon regard. Il bafouille quelque chose comme « ok, c’est bon » , et voilà… Je suis acceptée sur le territoire indien… Je lui demande « Donc… Pas besoin de billet retour ? » Non… Et c’est pareil pour Sylvain.
Personne n’a vérifié notre billet de retour. Personne, vraiment. Egalement, les formulaires remplis au préalable semblent ne servir à rien. Lorsque je les ai tendu au policier lors du contrôle de visa, il en a pris un avec l’air dépité, puis a dit « Oh, tu peux garder celui là » avec un signe de la main genre « j’en veux pas DU TOUT » . (On a donné le deuxième à un type en plein milieu de l’aéroport qui semblait les demander aux visiteurs. Mais lui aussi avait l’air de s’en foutre).

Pendant que le policier prenait les empreintes digitales de Sylvain, j’ai discuté avec un petit papi épuisé. Il attendait sa femme depuis plus d’une demie-heure, car elle a du refaire la queue elle aussi, pour elle ne sait quelle raison. Il a parlé avec un jeune homme qui a eu le même problème que nous, pour au final passer la frontière légalement après des heures d’attente. Lorsque Sylvain m’a rejoint, j’ai souhaité bonne chance au petit homme qui s’est empressé de chuchoter : « vite… Fuyez ! Courez, et ne faîtes pas demi-tour ! »
Ah ah ah. Trop de théâtre pour nous autres, pauvres petits pois !

On file vers notre prochaine porte d’embarcation. Mais, surprise, on se dirige vers la sortie : c’est sans issue ! On va demander à un agent de sécurité où devons-nous nous rendre pour prendre l’avion pour Goa, et surtout : si nous devons récupérer nos bagages pour le check-in. Il nous indique la direction à prendre et nous montre nos bagages, posés sur un chariot. Il nous affirme que nous devons à nouveau les présenter à la sécurité. Ok, ça nous emballe pas, mais on va le faire ! On court – car on est quand même un peu en retard hein, le contrôle de police a bien mangé notre temps ! – les sacs paraissent de plus en plus lourds sur nos épaules. On plonge au dehors de l’aéroport : l’Inde nous gobe.

La chaleur est lourde mais pas étouffante. Les couleurs se mêlent : orange, rouge, bleu, jaune et un peu de vert. La poussière sous nos pieds teint nos chaussures et nos mollets de la couleur du sang. Il y a des barrières à quelques mètres de nous, sur laquelle s’écrase une masse noire de monde. Ca crie, ça hurle, ça agite les bras. Les policiers fument en bande, ils rigolent entre eux et ne s’intéressent à personne. Les seuls mots que je comprends sont « Taxi taxi taxi ? Taxi taxi ? Taxi ? » euh, non, merci, moi c’est plutôt « Avion avion, avion, avion » . La puanteur est prenante, mais pas insupportable : on s’y habitue vite. Je cherche une senteur connue de mon registre qui y ressemblerait presque, et j’en trouve une : l’oeuf dur. Ca sent l’oeuf dur. Ca sent la transpiration étouffée, les insectes qui grouillent, et un peu la mort. Ca sent aussi le vent frais, les pneus chauds, les tissus tachés et la soie. Et un peu les épices. Mes yeux n’arrivent plus à retenir les larmes. Ils explosent de joie à leur manière : je pleure pour la première fois sur le sol indien. Je suis tellement heureuse que je n’arrive pas à parler, ni même à sourire. L’Inde telle que je me l’étais imaginée. Elle est belle. Abîmée, mais belle. J’ai tout oublié – à part comment pleurer. On arrive à l’entrée de l’aéroport, et un policier gentil comme tout nous accueille. J’ai encore les larmes aux yeux mais je les sèchent vite pour ne pas alarmer pour rien une nouvelle force de l’ordre. Il essaie de prononcer nos prénoms, on rigole tous les trois. Ses collègues le chambrent, mais au bout de la troisième fois, il réussi à les prononcer parfaitement. Je pleure à nouveau en voyant son sourire sincèrement fier. Il nous laisse passer et nous souhaite un bon vol.

On fait la queue pour le check-in, mais on vient de se rendre compte qu’il faut un billet attestant que nous avons passé nos sacs (nous-même, lol) sous les rayons x. (Personne ne surveille, totale confiance). Ok, demi-tour, go. Rayon x. Re-queue. Arrivés au check-in, l’hôtesse nous demande pourquoi nous avons nos bagages. On explique l’histoire (un policier nous a dit de les reprendre), elle nous regarde méfiante, puis parle à sa collègue. Les deux nous regarde, puis nous demande « vous êtes sûrs que c’est un garde qui vous a demandé de prendre vos bagages ? Ré-expliquez-nous l’histoire. » On ré-explique… Puis, elle nous demande de patienter à côté. On ré-explique, encore… On patiente. On ré-explique…
Ce qui était rigolo, c’est qu’en expliquant notre histoire, une famille indienne s’est rapproché de nous. Tous les membres écoutaient attentivement l’histoire, ils la vivaient avec nous, à quelques centimètres de nos visages. Ils semblaient aussi préoccupés que nous. Ils sont passés au contrôle pendant que nous attendions sur le côté, et nous ont gratifié de beaux sourires de compassion. Comment ne pas pleurer à nouveau ?
Finalement, notre histoire de bagage se tasse. Les hôtesses nous expliquent qu’en fait, nous avons pris nos bagages sur un chariot destiné à être envoyé directement dans l’avion suivant. Autrement dit, on a intercepté nos bagages pour rien, quoi… Bon…
On arrive à temps à notre porte d’embarcation. Je retrouve Spartacus et Sylvain retrouve sa musique. Ca dure, ca dure… Un peu trop longtemps. Ah ben oui, normal, notre avion a une heure de retard. C’aurait été étrange s’il avait été à l’heure pas vrai ?

Nous nous installons, une heure plus tard, dans un tout petit avion. Tous les passagers se moquent de lui ! Pas moi ; j’ai pas envie qu’il se vexe. Après tout, dans les airs, notre vie tient par SON fil, non ? Les rangées sont minus et nous sommes deux par deux dans chacune d’elles. On dirait un bus volant… Je regarde par les hublots rikikis après le décollage…
Que c’est beau au-dessus des nuages !

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Arrivés à Goa. HOURRA ! Je me décontracte. C’est aussi l’heure de la pause pipi, car avec tout ça, j’oublie mes besoins naturels. En attendant mes bagages, je me fais accoster par une jeune femme au fort accent de l’est, qui regarde furtivement dans tous les sens (dans tous les sens, sauf dans le mien) : « Hé, tu ne vas pas dans le Nord, toi nan, nan » . Elle recule vivement. Heu… Quoi donc ? Elle me regarde (je suis maintenant certaine qu’elle m’adressait la parole) : « Non, ok, je voulais partager un taxi, non, ok merci. » Trois petits tours et puis s’en va… Quelle rencontre originale ! Au moins, j’ai eu le temps de bredouiller un « ah, ok » , histoire de dire que j’ai fait partie de cette conversation.
Je rejoins Sylvain après mon pipi, encore abasourdie par cette rencontre étrange, et je le vois en compagnie de cette même jeune femme ! Apparemment, on va partager le taxi. La jeune femme vient d’Ukraine et habite à Goa. Je crois qu’elle s’appelle Ulesha. Appelons-la Ulesha. Ulesha semble s’y connaître en aéroport : elle prend un air autoritaire et nous conseille de faire la queue à l’intérieur de l’aéroport pour un taxi (l’attente estimée est d’environ 30 minutes). Sylvain refuse catégoriquement et se dirige à l’extérieur de l’aéroport. Dehors, la foule grouille, mais il n’y a pas l’ombre d’un taxi.
Ulesha passe son temps à répéter qu’on n’est pas pressés, mais elle agit comme quelqu’un qui l’est complètement. Elle est agitée, marmonne, ne tient pas en place et se force à sourire entre deux soupirs. Ce serait déstabilisant si on n’était pas aussi fatigués. Voyant qu’il n’y a pas de taxi, elle prend un air déterminé et se redirige à l’intérieur de l’aéroport où un policier la stoppe net. On ne peut plus rentrer une fois sorti. Elle revient vers nous, le visage inexpressif, nous laisse ses bagages sans un mot (enfin, si, « maintenant toi prendre mon bagage car lui ne veut pas me laisser rentrer *roulement d’yeux* merci » ), elle fait demi-tour, bataille pour rentrer dans l’aéroport, montre son passeport au policier, puis fait la queue à l’intérieur. Sylvain me regarde et hausse les épaules. « Si elle veut perdre son temps… » Il a foi en un chauffeur de taxi éventuel au dehors, et moi, j’ai foi en Sylvain. Deux secondes plus tard, on trouve un monsieur qui veut nous emmener où l’on veut pour une modique somme. On accepte. Sylvain se dévoue pour aller chercher notre amie. Même routine : il me laisse ses bagages, bataille avec le flic, donne son passeport et file chercher la jeune femme… Enfin réunis et prêt à partir, notre amie juge bon de lutter encore un peu en marchandant avec le chauffeur de taxi pour faire baisser le prix de la course d’un euro. Et ce, pendant 10 bonnes minutes. On assiste à la scène en rigolant un peu. Quand ils ont terminé leur charabia (le prix est resté le même), elle nous réprimande « Eh ben, ici, vous êtes en Inde hein ! Il faut marchander, marchander ! Car ils essaient, c’est normal… Ils essaient de vous arnaquer ! Alors, marchandez, hein, marchandez ! » Je ne dis rien. Aujourd’hui, je n’ai pas d’énergie à gaspiller pour des moulins à vents. Cependant, on comprend et on respecte sa détermination : un euro est très précieux, surtout en Inde. (Un euro = un repas).
Plus tard, nous avons appris que notre chère amie ukrainienne s’est payé un aller-retour en Thaïlande pour aller faire du shopping pendant 3 jours sur les îles, et qu’elle avait « acheté tellement d’affaires qu’elle ne savait déjà plus quoi en faire » . 🙂

On passe une heure dans le taxi à tourner en rond pour trouver la maison de Ulesha. Le chauffeur de taxi est adorable et se donne beaucoup de mal pour elle. Il demande son chemin à tout le monde, il semble perdu mais ne désespère pas. Il répète souvent « Tout pour vous, madame, tout pour vous » entre deux soupirs ukrainiens. Au bout d’une heure et demie de route, Ulesha lui prend le bec et sort du taxi au milieu de nul part. Ok… Apparemment c’est chez elle… Elle nous fait des gros coucous et se dirige vers un scooter sur lequel elle semble chercher / trafiquer quelque chose.

Bon, on n’a pas tout compris, mais la route se poursuit pour nous. Arrivés à « bon port » au bout de quelques minutes à tourner en rond, nous sommes heureux. Nous avançons soulagés vers la réception pour découvrir notre bungalow. Mais heu… Il y a un hic : d’après le réceptionniste, nous n’aurions jamais réservé.
Nous cherchons des explications et n’en trouvons qu’une seule : nous avions booké sur Fabhotel, mais nous nous trouvons à la réception de Fabhotels. Peut-être qu’un ‘s’ peut faire une différence ? Hé bien oui. Nous nous rendons compte que le numéro de téléphone de Fabhotel est différent de celui de Fabhotels. Nous demandons s’il est possible d’emprunter le téléphone de la réception, car nos ordinateurs n’ont plus de batterie, le portable de Sylvain non plus, et le mien ne semble pas décidé à trouver du réseau. La réponse est « non » , tout simplement. Hé ben oui, on veut bien nous aider mais pas trop quand même. On tourne en rond, à pied, on marche aux alentours, puis épuisés, on décide de se poser dans un restaurant pour faire le point sur ce qui nous arrive. Si on n’a pas de toit, autant avoir l’estomac plein. Dans ce resto, nous sommes accueillis comme de vieux amis, et ça fait du bien. La patronne et les serveurs écoutent attentivement notre histoire. L’un d’eux demande le nom et prénom de Sylvain et part directement demander des explications au réceptionniste de FabHotels. Il revient bredouille quelques minutes plus tard, mais pendant ce temps, Sylvain a pu recharger un peu son téléphone. Il appelle Fabhotel et Bingo ! Le réceptionniste répond. Le manège durera environ une heure. Sylvain appelle, il cherche Fabhotel, il ne trouve pas, il n’a plus de batterie, il recharge, il appelle, il cherche Fabhotel, il ne trouve pas, il n’a plus de batterie, etc… Tout ce cirque pour découvrir en fin de compte que notre réservation était bien passée, mais que notre bungalow a été donné à un autre couple car nous sommes arrivés « en retard » … Tout simplement ! Des années de booking.com et jamais une telle histoire ne nous est arrivée. De plus, nous n’avions convenu d’aucune heure à laquelle arriver à la réception. (De plus, cela nous est déjà arrivé de nous pointer à 23 heures à la réception d’un hôtel dans lequel nous avions réservé une chambre sans avoir de problème). Nous nous retrouvons sans toit, tout est booké aux alentours et il commence à faire nuit.

Mais notre bonne étoile est puissante ; nous avons trouvé un bungalow à côté du restaurant dans lequel nous avons mangé. Nous allons pouvoir nous reposer un peu… Mais, nouveau coup de théâtre ! C’est impossible de payer par carte bancaire et nous n’avons pas d’argent sur nous. Hé oui… Nous arrivons à négocier pour payer le lendemain, et prendre une nuit de plus pour faire une grasse matinée. Tout est bien qui fini bien !

Lorsque nous avons les clefs de notre bungalow, je cours sur le lit et je m’y écroule. Je suis épuisée. Sylvain a encore de l’énergie pour assister à un concert à côté. Dîtes ce que vous voulez, mais moi je le sais : cet homme n’est pas humain. Pas vrai François ? Allé, vous pouvez bien me l’avouer, à moi, que Sylvain est en fait un super robot que vous avez construit il y a 29 ans. (Peut-être même plus, de toutes façons il ne vieilli pas. ENCORE UNE PREUVE !).

Notre lit est ultra moelleux, super grand, méga confortable. Je peux être enroulée dans ma couette et prendre beaucoup de place, sans empiéter sur l’espace de Sylvain qui est lui aussi enroulé dans l’autre bout de la couette en prenant plein de place. J’ai passé une nuit sans faire de cauchemars, sans me réveiller toutes les heures, sans avoir mal au dos… Et c’est très rare. C’était le BLACK OUT TOTAL et c’était mérité.

En tous cas, quelle aventure… Voici nos têtes fatiguées en fin de journée :
(Sylvain beau même fatigué, encore une preuve de son « robotisme » )

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Moi cernée et blasée, preuve de mon humanité :

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Voici les premières photos que j’ai prises de Goa – c’est le coin des bungalows :

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Un mur trop chiant à construire en brique, transformé en un mur facile à construire en toile :

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La suite au prochain épisode… Mais moins de péripéties embêtantes sont à venir, je vous rassure !

L’Inde est magnifique. Si nous devions choisir un mot pour résumer Goa, ce serait : sincérité. Tout est sincère. Les regards, les sourires, & même les arnaques. (Je reviens d’un grand marché aux puces et je peux vous dire que les marchands n’hésitent pas à rire d’eux-même quand on leur dit « hé, t’es en train de m’arnaquer non ? » C’est souvent suivi d’un « Mais non, ma soeur, ah ah ah… Allé, achète-moi quelque chose. » Quoi qu’il en soit je les trouve adorables et sincères dans leur style !)

A très bientôt tout le monde, on vous aime. ♥

Ps : en rentrant chez nous tout à l’heure, je me suis directement dirigée dans la salle de bain. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis imaginée tomber nez à nez avec un petit animal (j’optais plutôt pour un serpent). Je me déplace jusqu’à l’interrupteur, la lumière s’allume et… Hop, une petite musaraigne qui court, qui court ! Elle était toute affolée mais a quand même foncé sur moi. Drôle de choix, car il y avait un gros trou qui menait au dehors juste derrière elle. Elle s’est réfugié sous le lit de la pièce du bas, toute tremblante. Elle avait de sacrés grosses fesses.